Édifice Normand-Maurice
L’édifice Normand-Maurice est un édifice de 15 000 m2 qui regroupe plusieurs centaines d'employés de cinq ministères et organismes de TPSGC au centre-ville de Montréal. L’immeuble est érigé sur le site d'une ancienne fonderie dans le quadrilatère formé par les rues Bel-Air, Saint-Antoine, Rose-de-Lima et Saint-Jacques à Saint-Henri, en proximité de la station de métro du même nom.
Le bâtiment comprend des entrepôts, logés dans un premier volume en maçonnerie, sur lequel repose un étroit volume métallique abritant des espaces à bureaux. Ceux-ci sont regroupés à l’est offrant leur flanc ouest au soleil de l’après-midi.
Il s’agissait, en 2003, du premier projet d’envergure au Québec où les paramètres LEED ont été incorporés aux documents d’appel d’offres dans le cadre d’un marché à forfait avec un entrepreneur général. Des séances de sensibilisation au contexte du projet ont été organisées avec les représentants des principaux corps de métier impliqués.
Plusieurs stratégies passives ont été intégrées dans ce projet institutionnel. Le bâtiment est ventilé de manière naturelle, sauf en cas de temps très froid. L'appel d'air est assuré par des puits de lumière qui permettent, en plus, d'éclairer naturellement plusieurs espaces. L'atrium ventilé, orienté au sud-ouest et pourvu d'un grand mur-rideau permet de réchauffer une masse thermique faite de briques récupérées. Celles-ci émettent ensuite la chaleur accumulée tout au long de la journée et favorisent une stabilité de la température du bâtiment. En été, les pare-soleils protègent la masse thermique le jour; la nuit, celle-ci est refroidie grâce à la ventilation naturelle; elle garde ainsi les espaces plus frais le jour.
Intégrer des technologies comme la récupération de l'eau de pluie, un marais filtrant pour les eaux grises en toiture, des dalles radiantes combinées à une ventilation par le plancher, des stratégies passives de ventilation, chauffage et climatisation et la réutilisation de matériaux provenant du site, dans un projet de cette envergure fut probablement le plus grand défi. Il ne faut pas oublier que nous en étions aux balbutiements de la certification LEED. Parallèlement, il a fallu intégrer cinq agences gouvernementales dans ce bâtiment, l'optimisation des espaces était un défi de taille. Pour y arriver, l'équipe de conception a proposé un partage d'espaces, des entrepôts verticaux et une diminution des stationnements pour les employés.
CARACTÉRISTIQUES ÉCOLOGIQUES
Érigé sur le site d'une ancienne fonderie, l’immeuble se situe à moins de 500 m de la station de métro Lionel-Groulx, de trajets d’autobus et d’une piste cyclable. Toutefois, la décontamination du sol a été nécessaire pour remédier aux effets de son usage précédent. Pour encourager l’utilisation de transports alternatifs, uniquement six cases de stationnement ont été aménagées. Par contre, vingt places de stationnement à vélos, des douches et des vestiaires ont été mis à la disposition des employés. Pour réduire l’effet de chaleur, un toit vert recouvre 3000 m2 de la toiture. La pollution lumineuse est réduite par un placement étudié d’éclairage intérieur ainsi que par un choix judicieux de luminaires défilés extérieurs.
Le toit vert et l’aire paysagère au périmètre du bâtiment sont composés de plantes indigènes ne requérant aucune irrigation. Ce toit a permis de réduire la capacité du réservoir de captation et la récupération de l’eau de pluie entraînent ainsi une réduction de plus de 30% la consommation d’eau potable. L’eau récupérée est emmagasinée dans une citerne et filtrée pour être ensuite réutilisée dans les toilettes à faible consommation. Sur cette toiture, un marais filtrant est aménagé et traite une partie des eaux grises. Les rejets au réseau municipal sont ainsi diminués de 54%.
De nombreuses méthodes ont été mises en place pour parvenir à une réduction de 55% du coût d’énergie :
- Puits géothermiques;
- Le chauffage et la climatisation radiante;
- Réserve thermique;
- Pare-soleils;
- Préchauffage solaire de l’air;
- Système à débit d’air variable (VAV) sur mesure;
- Fenêtres motorisées dans l’atrium et les quatre puits de lumière;
- Réseau de conduits d’eau glycolée pour la réserve d’énergie;
Des mesures effectuées après un an d’opération ont révélé une performance supérieure aux résultats attendus. Tout le bâtiment a été conçu avec des équipements sans CFC et sans HCFC.
En plus du programme de récupération mis en place pour l’ensemble du bâtiment, un effort a été consenti à la réutilisation des éléments du bâtiment existant incluant :
- La façade en maçonnerie;
- Les poutrelles d’acier;
- Le revêtement métallique en acier;
- Le bois des planchers;
- Les panneaux de contre-plaqués de la clôture de chantier;
De plus, 78% des déchets de construction ont été détournés des sites d’enfouissement. Des matériaux à contenu recyclé ont été spécifiés lorsque possible permettant d’atteindre 19,5% de contenu recyclé. D’autre part, des cendres volantes et de la fumée de silice ont été intégrées au béton pour réduire la quantité de ciment utilisé. Finalement, 45% des matériaux utilisés sont de fabrication régionale.
Dans le but de maximiser le confort et le bien-être des occupants du bâtiment, plusieurs mesures de gestion de la qualité de l’air ont été mises en place :
- Sélection de matériaux au contenu faible ou nul en COV;
- Remplacement des panneaux de bois composite par des panneaux de paille;
- Plan de gestion de la qualité de l’air lors de la construction;
- Protection des matériaux entreposés sur le site de construction;
- Purge de l’air avant l’occupation;
D’autre part, le plan de forme rectangulaire a permis de maximiser l’apport lumineux et les vues, combiné à 5 puits de lumière stratégiquement localisés pour augmenter la lumière naturelle. Finalement, du côté est du bâtiment, les espaces régulièrement occupés bénéficient de fenêtres ouvrantes.
De nombreuses visites guidées publiques ont déjà eu lieu, et des affiches expliquant le fonctionnement du bâtiment sont en place. Des conférences ont été données à plusieurs reprises et de nombreuses publications ont fait état des performances du bâtiment. De plus, des devis d’entretien écologique, pour l’intérieur et l’extérieur du bâtiment, ont été produits et mis en pratique.
Étant un des premiers projet LEED en chantier au Québec, il a été très difficile d'obtenir toutes les informations nécessaires auprès des sous-traitants. Nous avons dû travailler fort pour éduquer et sensibiliser l'ensemble des intervenants au chantier. Au final, les performances écologiques liées à cette étape se sont avérées, malgré tout, excellentes. La gestion des déchets, à même le site, avec plusieurs conteneurs, a aussi présenté un bon défi pour les mêmes raisons et la disparition d'un conteneur plein d'acier a malheureusement diminué la performance au niveau de la gestion des déchets de construction, tout en limitant la rentabilité d'une telle mesure.