Centre d'opération Turcot MTQ-CGER
Chapeauté par la Société québécoise des infrastructures, le nouveau bâtiment assure un service essentiel par rapport à l’équipement routier du MTQ, à l’entretien et à la surveillance des axes de circulation de Montréal. Le Centre regroupe des espaces administratifs et de services aux employés, ainsi que deux locaux de garage : l’un servant d’atelier mécanique pour le CGER et l’autre d’entrepôt pour la machinerie d’entretien routier du MTQ. À ces espaces se greffent des locaux de mécanique, un entrepôt non chauffé pour le MTQ, ainsi qu’une aire de lavage/déglaçage de véhicules. Un entrepôt à sel (non conditionné et non isolé) d’une capacité de 2 000 tonnes complète les constructions sur le site, où l’équivalent de 26 employés à temps plein y travaillent. C’est la configuration en L qui crée un front bâti intéressant en masquant les entrées de garage et les espaces minéraux dédiés aux manœuvres, tout en s’adaptant à la nouvelle configuration de la rue Pullman.
Une large flotte de véhicules écologiques, un stationnement sécuritaire pour bicyclettes et la proximité des pistes cyclables rendent alléchants les transports écologiques. L’aménagement paysager ne requiert aucun arrosage et le système de récupération de l’eau de pluie permet d’économiser 790 000 litres d’eau par année pour le nettoyage des rues. Un mur solaire pour préchauffer l’air neuf, des récupérateurs de chaleur, 14 puits géothermiques de 150 m et des chaudières à condensation à haute efficacité permettent une réduction de 36 % des coûts en énergie par rapport aux normes. Presque tous le bois utilisé est certifié FSC et 99 % des matériaux de construction ont été détournés des centres d’enfouissement.
Les plus grands défis furent d'inclure des mesures durables dans un bâtiment plutôt perçu comme technique. Par exemple, l’ajout d’une large fenestration dans les espaces de garage pour multiplier les vues vers le paysage, rendre l’espace plus agréable pour les travailleurs et réduire l’utilisation d’éclairage artificiel. Un autre exemple, assurer une enveloppe à haute efficacité thermique, et ce, même pour les nombreuses portes de garage. Notre plus grande réalisation est d’avoir réussi à conserver tous les crédits visés initialement et à en avoir ajouté de nouveaux en cours de chantier pour dépasser le niveau de certification initialement visée, Argent, et atteindre finalement l’Or.
CARACTÉRISTIQUES ÉCOLOGIQUES
Le secteur, autrefois traversé par la rivière St-Pierre et le lac à la Loutre, maintenant Canal de Lachine, a servi de vaste cour de triage ferroviaire au siècle suivant ; plus de 500 tonnes de sols contaminés ont été excavés et traités. En plus d’un large plan de contrôle de l’érosion et de la sédimentation, une large flotte de véhicules électriques ou hybrides, un stationnement sécuritaire pour bicyclettes et la proximité des pistes cyclables rendent les transports alternatifs facilement accessibles. La combinaison de toits verts et blancs réduit les effets d’îlots de chaleur et augmente la qualité des vues : les larges vitrages de la salle de réunion et de l’aire de travail de l’étage donnent sur un toit végétalisé.
Le site est doté de plantes indigènes résistantes à la sécheresse : aucun arrosage n’est requis. Les quatre grands réservoirs d’eau de pluie permettent d’alimenter les chasses d’eau des toilettes et urinoirs, ainsi que remplir les citernes des camions de nettoyage du MTQ. De pair avec les appareils de plomberie à haute performance, on atteint une réduction de la consommation d’eau potable de 60 %, même jusqu’à 90 % si l’on considère les eaux usées. L’utilisation d’eau de pluie pour le remplissage des citernes de nettoyage permet une économie de 790 000 litres d’eau par an. En outre, l’eau de ruissellement percolant à même le site enlève un poids sur le réseau municipal et permet la recharge de la nappe phréatique.
Le bâtiment atteint 36 % de réduction de coûts en énergie par rapport au référent du CMNEB : y sont inclus un mur solaire pour préchauffer l’air neuf, des planchers radiants et des récupérateurs de chaleur de l’air évacué. S’y ajoutent de la géothermie et des chaudières à condensation à haute efficacité. Les équipements de CVC emploient des réfrigérants ayant un faible potentiel d’appauvrissement de la couche d’ozone et le système de sécurité incendie ne contient pas de halon. Les économies d’énergie prévues sont assurées par le processus de mise en service qui a permis de valider l’opération des systèmes, leur bon fonctionnement et le maintien des conditions intérieures idéales, dont l’évacuation immédiate des émanations nocives.
Afin d’assurer les bonnes pratiques de recyclage, des aires de tri et d’entreposage des matières recyclables ainsi que des bacs individuels adjacents aux postes de travail ont été aménagés dans le bâtiment. Le projet est fabriqué avec 41,5 % de matériaux extraits et fabriqués régionalement et presque tout le bois utilisé est certifié FSC. Un peu plus de 25 % des matériaux employés sont recyclés et 99 % des déchets de construction ont été détournés des sites d’enfouissement. Les matériaux ont été sélectionnés pour leur durabilité dans des conditions d’usage intensif comme un garage.
Des sondes de CO2 et des filtres MERV13 assurent la qualité de l’air et les normes 62.1 et 55-2004 de l’ASHRAE s’appliquent. Les occupants ont le contrôle sur l’ouverture des fenêtres, l’éclairage et la température, en plus que 90 % des locaux occupés régulièrement aient une vue sur l’extérieur et que 75 % de ceux-ci soient naturellement illuminés. Les matériaux sont protégés des contaminants et possèdent un faible taux de COV. L’interdiction de fumer s’applique même pendant la construction et un nettoyage et une purge d’air ont été effectués avant l’occupation. Les produits d’entretien sont certifiés Choix Environnemental ou Green Seal et les lampes au mercure sont prises en compte dans la gestion des matières résiduelles.
Ce projet a atteint la note parfaite dans la catégorie d’Innovation et processus de design, et ce, en partie grâce à la réduction de 28 % de la consommation d’eau potable liée à un procédé (le nettoyage des rues), de toute apparence une première au Québec ! S’ajoutent à cela les politiques du projet quant à l’approvisionnement en lampes à faible contenu en mercure, l’intégration d’un professionnel accrédité LEED dans l’équipe de conception, en plus de la performance exemplaire du bâtiment pour l’utilisation de matériaux régionaux et recyclés lors de sa construction, supérieurs à 20 % et 15 %, respectivement. La gestion efficace des matières résiduelles est aussi très importante dans le projet.
Malgré la surface importante de toiture du bâtiment principal du Centre intégré MTQ-CGER, il a été nécessaire de collecter aussi les eaux de la toiture de l’entrepôt à sel. N’étant pas chauffée, la collecte a nécessité l’implantation d’infrastructures souterraines combinées à un système de pompage pour acheminer l’eau aux réservoirs. Le résultat final s'avère être un succès et l'innovation du système réside en partie dans sa simplicité et sa reproductibilité dans d'autres projets sans expertise exceptionnelle.
Le système de collecte des eaux de pluie et les systèmes énergétiques, dont la géothermie et le mur solaire, ont été sélectionnés pour leur simplicité et leur viabilité technologique, contrairement à d’autres équipements disponibles, mais rapidement désuets, tels que les panneaux photovoltaïques. Bien que les 4 réservoirs aient une durée de vie moyenne, ils sont faciles à remplacer à faible coût. Les équipes d’opération et d’entretien du MTQ et du CGER ont également été mises à contribution pour valider la fonctionnalité des systèmes. Tous les équipements sont localisés à l’intérieur, au rez-de-chaussée et donc à l’abri des intempéries, ce qui en facilite l’accès pour l’entretien et prolonge leur durée de vie.