•  ©Alain LaForest
  • ©Guy Lavigueur
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  • ©Marc Cramer
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Les pavillons Lassonde

Consortium
Saia Barbarèse architectes / Desnoyers Mercure et associés / Menkès Shooner Dagenais architectes
Concepteur
Mario Saia (Saia Barbarese Topouzanov architectes)
Chargé(e) de projet
Anik Shooner (Menkès Shooner Dagenais LeTourneux architectes)
Client
École Polytechnique de Montréal
Échéancier de réalisation
Date de début
2002-06
Date de fin
2005-09
Usage
Bâtiment universitaire destiné à l’enseignement
Superficie des planchers brute
32 750 m²
Nombre d'étage(s)
10
Coût ($)
90 M

Les pavillons Lassonde de l’École Polytechnique sont implantés sur le flanc nord du Mont-Royal selon un concept favorisant le développement durable de ce site unique. Le bâtiment a obtenu la première certification internationale LEED® OR de l’USGBC pour une institution universitaire canadienne et pour un bâtiment au Québec. Le bâtiment, d’une superficie de 32 750 m2, abrite plusieurs services desservant les départements de génie informatique et électrique, ainsi que les services informatiques de l’École. Les étudiants, professeurs et chercheurs ont à leur disposition des laboratoires et bureaux, une bibliothèque et diverses salles de rencontre. Cet édifice se distingue par son vaste atrium généreusement éclairé par de grands puits de lumière et des baies de verre munies de persiennes motorisées permettant de contrôler la quantité de lumière et l’ensoleillement. La structure s’harmonise de façon élégante avec le Mont-Royal en suivant sa pente par le retrait progressif des étages.

Faits saillants
  • 90% des toitures recouvertes de végétation native et indigène, le restant de pierres blanches;
  • 185 stationnements souterrains, dont 2/3 réservés au covoiturage et 6 espaces pour la recharge électrique de véhicules hybrides;
  • Réduction de consommation d’eau potable de 92% pour les besoins des cabinets d’aisance et des urinoirs et 49% pour l’eau domestique globale par rapport aux bâtiments traditionnels;
  • 60% plus efficace énergétiquement que la norme fixée par le Code modèle national de l'énergie pour les bâtiments;
  • Récupération de 82% des déchets de construction;
  • 50% des matériaux choisi ont été extraits et fabriqués à moins de 800 km;
  • 75% du mobilier est constitué de mobilier existant récupéré;
  • 50% de l’enveloppe du bâtiment vitrée.
Défi(s) relevé(s)

Situés sur le flanc nord du Mont-Royal, le premier défi fût d’élaborer un concept intégrateur recevant les approbations des nombreuses autorités compétentes, et ce tout en favorisant le développement durable. L’excavation a commencé en même temps que le travail de conception. Le respect du budget, l’échéancier et les exigences élevées du programme LEED ont conditionné toutes les décisions, du processus de design et de réalisation jusqu’au choix des matériaux, systèmes mécaniques, équipements d’éclairage, revêtement de la toiture, etc. La recherche de solutions alternatives et la créativité de l’équipe ont été essentielles pour relever ce défi de taille.

CARACTÉRISTIQUES ÉCOLOGIQUES

Aménagement écologique du site

Un plan de contrôle de l’érosion et de la sédimentation a été mis en place. L’eau de ruissellement de ce site à pente forte a été filtrée au niveau des puisards et des ballots de foin ont été installés au périmètre pour contenir les sédiments. L’excavation a permis d’extraire et de traiter 12 000 t de sol contaminé. De plus, 900 m2 des toitures recouvertes de gazon et de pierres blanches réduisent les besoins de climatisation et l’effet d’îlot de chaleur. On compte aussi l’utilisation de végétation native et indigène sur la toiture et autour du bâtiment. De plus, 185 espaces de stationnements sont souterrains, dont les deux tiers réservés au covoiturage et six espaces prévus pour la recharge électrique de véhicules hybrides.

Gestion efficace de l’eau

Les eaux de pluie et de drainage sont captées et conservées dans d’immenses réservoirs de rétention. Cette eau n’est pas potable, mais lorsque filtrée elle répond aux besoins sanitaires (urinoirs, toilettes et lavabos). La plupart des appareils sanitaires sont d’ailleurs équipés de détecteurs à infrarouge limitant l’écoulement d’eau ou l’actionnement inutile et les toilettes sont à double débit. L’ensemble des équipements permet de réduire de 92% la consommation d’eau potable par rapport à celle d’un bâtiment traditionnel. Les eaux de pluies servent, de plus, à la survie de la toiture-jardin, puisque cette dernière n’est pas irriguée artificiellement.

Énergie et atmosphère

Le système mécanique récupère la chaleur des gaz rejetés par les cheminées des chaudières du pavillon principal. Cette énergie permet de combler environ les deux tiers des besoins énergétiques. Lorsque cette récupération ne suffit pas à la demande, le préchauffage de l’air neuf est effectué par les rejets de chaleur de la production d’eau glacée. La chaleur contenue dans les évacuateurs d’air vicié est aussi récupéré. Le bâtiment est 60% plus efficace énergétiquement que la norme fixée le ASHRAE 90.1. De plus, les systèmes mécaniques utilisent du HFC-134a pour protéger la couche d'ozone et le chauffage par chaudière à contact direct permet une réduction de GES de l’ordre de 580 tonnes de CO2.

Matériaux et ressources

Un plan de gestion des déchets a permis de récupérer la presque totalité des matériaux, dont le roc qui a servi de remblais sur d’autres chantiers et le gypse qui a été réutilisé pour la composition de produits horticoles. Alors que les arbres sains ont été transplantés, ceux abattus ont été offerts pour la transformation en meubles. S’ajoute l’économie énergétique associée au transport des matériaux de construction : environ la moitié des matériaux ont été extraits et fabriqués à moins de 800 km du projet. Les matériaux avec un contenu recyclé ont aussi été préconisés dans le projet. Par exemple, les barres d’armature et l’acier de charpente proviennent de la post-consommation et sont en acier recyclé à 100% et 60%, respectivement.

Qualité des environnements intérieurs

Les peintures utilisées, les finis intérieurs et le mobilier ne dégagent pas ou très peu de composés organiques volatils. Les produits à composés de bois ne contiennent pas d’urée formaldéhyde. L’ameublement est composé d’aggloméré de paille, un matériau écologique reconnu pour sa solidité. Les bâtiments ont intégré les principes de l’immotique, qui prévoient notamment des détecteurs de présence faisant la gestion des appareils d’éclairage et de la climatisation dans les locaux. D’autres mesures ont été implantées, comme le réglage de la quantité d’air neuf par sondes de CO2, l’installation de variateurs de vitesse, la gestion par détecteurs de présence et l’installation de systèmes d’air neuf.

Innovation et processus de design

Les architectes ont réussi à sélectionner des matériaux dont plus de 40% sont manufacturés à moins de 800 km du projet. De ces matériaux, plus de 50% du contenu était extrait à l’intérieur de la même distance. Cette approche, qui va au-delà des exigences minimales LEED, démontre le désir des architectes et du client d’innover et de relever des défis. Des visites d’appréciation du bâtiment sont d’ailleurs offertes dans le but de sensibiliser la population des bienfaits et avantages d’une approche écologique dans l’environnement bâti. Les professionnels ont donnés des conférences sur le bâtiment à leurs pairs pour diffuser l’information.

Embûche(s) et solution(s)

L’approche écologique et innovatrice des architectes a requis une reformulation de la méthode de travail traditionnelle et établie dans la profession. Un projet LEED de cette envergure, une première au Québec, devait se faire en processus de design intégré. Ce processus a été développé comme alternative au processus de design linéaire. De la phase de concept jusqu’à la fin du processus de construction, le client, les concepteurs du projet, le gestionnaire de projet, le gérant de construction, etc., ont dû intégrer leurs différentes perspectives et leurs capacités à concevoir un bâtiment plus durable. Pionnier en termes de spécificité aux niveaux des matériaux de construction, l’industrie de la construction a été mise au défi par ce projet.

Autres

Au début du projet, aucunes lignes directrices pour la réalisation de bâtiments verts n’existaient au Québec. Après l’étude de plusieurs systèmes, les architectes ont opté pour la certification LEED internationale du « US Green Building Council ». En investissant dans la publicité et en réalisant plusieurs conférences et visites des lieux, nous poursuivons notre idéologie en informant la population de l’importance d’un virage écologique. Cette réalisation provoque un engouement auprès des professionnels qui, depuis sa réalisation, emboîtent le pas et prouvent que malgré un contexte de construction traditionnel il est possible d’innover.