Le Coteau vert et Un toit pour tous
Le Coteau vert et Un toit pour tous est un projet d’amélioration de la qualité de construction, des infrastructures et d’intégration de mesures vertes au sein de logements communautaires. Le projet consiste en une structure de bois sur trois étages, divisée en huit bâtiments. Les logements ont été conçus pour familles (Le Coteau Vert, 95 logements) et petits ménages (Un toit Pour Tous, 60 logements) autour d’une vaste cour semi-privée. Malgré d’énormes contraintes budgétaires, ils intègrent plusieurs innovations écologiques exemplaires pour le domaine du développement communautaire au Québec.
Situé sur un terrain décontaminé par la Ville de Montréal, adjacent au métro Rosemont, le site s’est transformé en milieu de vie animé, poursuivant une logique de développement durable et où la préoccupation environnementale est mise de l'avant. Géothermie, chauffage hybride électrique, matériaux de construction sains et durables, meilleure isolation, toiture blanche, appareils à faible débit d’eau, bassin de rétention et mesures évolutives pour les bâtiments représentent une partie des initiatives vertes intégrées aux projets.
La réalisation technique a été un enjeu important puisque les clients ont demandé dès le départ que le projet soit éconergétique, et ce, malgré un budget de réalisation très restreint (approx.100$ /pied carré). On compte très peu de précédents à Montréal dans un contexte de logements abordables. Le projet représentait donc un grand potentiel au niveau de l’innovation, mais aussi son lot d’incertitudes et de risques. Les architectes ont donc dû prévoir une rationalisation de la planification et de la construction, ainsi que la nécessité de rechercher un financement additionnel pour les innovations techniques. Ils ont de plus conçu un bâtiment évolutif, c’est-à-dire capable d’intégrer progressivement des technologies vertes.
CARACTÉRISTIQUES ÉCOLOGIQUES
Trois éléments confèrent un caractère écologique à ce projet : la densification du site, l'intégration des principes du TOD (transit-oriented development) et un bâti respectant les principes de développement durable. Le site a été métamorphosé pour être densifié. Les concepteurs ont profité de son emplacement central, à proximité du métro et du réseau cyclable, pour transformer le grand stationnement qui s’y trouvait en une cour intérieure. Seulement une douzaine d’espaces de stationnement ont été conservés, et près de la moitié est réservée aux voitures d’une entreprise de covoiturage. L’aménagement paysager a été pensé de façon à associer bassins de rétention, plantation dense d’espèces végétales indigènes et zones de circulation.
Une série de mesures de rétention des eaux de pluie (rétention en toiture, bassin intégré dans l’aménagement paysager) a été intégré aux bâtiments. Des toilettes, de la robinetterie à faible débit et un système de récupération de chaleur des eaux grises « Power Pipes » ont été installés dans les logements. Le choix de plantes, d'arbres et d'arbustes indigènes et résistants permet d'éviter l'irrigation et d'assurer une plus faible consommation d'eau potable.
L'orientation des bâtiments et des logements traversants a été pensé afin d'optimiser l’ensoleillement et la ventilation naturelle. Le conditionnement de l'air est assuré par un système de géothermie centralisé. L'installation de cordes à linge permet de diminuer l'utilisation d'énergie. La toiture a été recouverte d’une membrane blanche pour éviter la création d’un îlot de chaleur.
Les matériaux utilisés ont été choisis en fonction de leur efficacité et de leur rendement. L'utilisation de peintures, de colle et de scellant sans composés organiques volatils, donc sans émanations nocives, assure une meilleure qualité de l'air au sein des logements. Les bâtiments sont faits d’ossature en bois, avec un revêtement de brique local pour les élévations avant et de parement arrière en bois torréfié.
Au niveau architectural, l’esthétisme des bâtiments assure un signal important à l’identité des groupes par des détails de conception soignés et particuliers. Les concepteurs de L’ŒUF se sont assurés que l’aspect d’aménagement intérieur des espaces répondent aux besoins des différents locataires afin de maximiser le confort. Les espaces ont été aménagé pour assurer l'abondance de lumière naturelle et une vue vers l'extérieur.
Pour maximiser le potentiel créatif, une charrette de conception intégrée a été organisée en début de projet. Elle a permis de déterminer les stratégies à préconiser dans le développement des bâtiments. Ce projet a été le premier à bénéficier de la subvention « Projet novateur » de la Société d’habitation du Québec pour l’ajout de mesures vertes et éconergétiques. Le bâtiment est évolutif, c’est-à-dire capable d’intégrer des technologies vertes. La structure du toit a ainsi été renforcée pour supporter un toit vert ou des panneaux solaires. De plus, les canaux de ventilation pour l’air chaud ont été conçus pour supporter une plus grande utilisation future.
L'intégration d'innovations technologiques coûteuses a été rendu possible grâce aux subventions octroyées par la SHQ, la Ville de Montréal, Hydro-Québec, la SCHL, Gaz Métropolitain et le FCM. Le Fonds municipal vert a par ailleurs permis le financement d’une démarche de conception intégrée, en amont de la réalisation du projet. La construction de ces logements verts a permis de créer un modèle de financement qui prend en compte l’aspect innovant dans le cadre d’exploitation de projets d’habitation communautaire.