Bibliothèque Raymond-Lévesque
Projet Lauréat d’un concours d’architecture en 2008, récipiendaire d’un Prix d’excellence de la revue Canadian Architect en 2010, la nouvelle bibliothèque de Saint Hubert, a une vocation civique et culturelle de première importance pour la communauté.
Les principes bioclimatiques mis en œuvre pour sa construction placent l’usager au centre de la réflexion sur le bâtiment durable et ont été reconnus comme novateurs par plusieurs prix récents.
Le concept bioclimatique de ce bâtiment repose sur l’utilisation des ressources climatiques environnantes: le soleil, l’eau, le vent et le sol (en géothermie). Le projet priorise l’énergie solaire sous forme passive (orientation, éclairage naturel et choix d’un verre performant) tout en occultant le gain thermique en période de climatisation.
Lorsque les ressources solaires sont insuffisantes ou si les besoins en refroidissement sont supérieurs à la capacité de refroidissement de la géothermie passive (conduit d’apport d’air souterrain), un champ de géothermie d’une capacité de 150 kW fournit plus de 70% des besoins de chauffage et 100% des besoins de climatisation.
Un concept audacieux d’ouvrants motorisés procure au bâtiment une ventilation naturelle des espaces sur une période couvrant près de 50% des heures d’ouverture de la bibliothèque. Il en découle un contact privilégié avec le parc naturel environnant.
Une réduction de la consommation énergétique de plus de 50% est anticipée, ainsi que l’utilisation de plus de 40% d'énergie renouvelable solaire et géothermique.
Une grande attention a été apportée à la qualité de l’air à l’intérieur de la bibliothèque. La ventilation naturelle et artificielle est distribuée par principe de ventilation par déplacement à basse vélocité, ce qui assure aux occupants d’être toujours dans la zone d’air la plus propre. L’alimentation se fait par le biais de boîtes DAV (Débit d’Air Variable) reliées à des sondes CO2 distribuées dans la bibliothèque. Notons que 33% des aires de plancher sont à moins de 7m d’un ouvrant motorisé ou d’une fenêtre opérationnelle, et comme la venilation se fait par convection à travers l'espace (passant d'une fenêtre en bas de mur extérieur vers une autre située à l'intérieur du périmètre) l'effet de la ventilation naturelle en est augmenté.
CARACTÉRISTIQUES ÉCOLOGIQUES
L’empreinte compacte du bâtiment et le positionnement minutieux du champ de géothermie a permis de conserver un maximum d’arbres existants. La relation étroite avec l’extérieur et le parc environnant favorise le bien-être des occupants, d’autant plus que la relation est visuelle, mais également olfactive et sonore grâce aux fenêtres ouvrantes.
Durant la période de construction, une attention particulière a été apportée à la protection des arbres existants.
La gestion efficace de l’eau a également été une priorité lors du développement du projet. Le grand bassin de rétention minéral permet d’alléger la pression sur les infrastructures municipales lors des fortes pluies. Pour leur part, les végétaux utilisés pour l’ensemble du site (au sol et sur les toits verts) sont d’origine indigène et ne nécessitent pas d’irrigation, ce qui en soit réduit grandement les besoins en eau. La bibliothèque consomme 40% moins d'eau potable qu'un batiment similaire conventionnel notamment grâce à l'ajout d'urinoirs sans eau Falcon qui permettent d’économiser 150 000 litres d’eau potable par urinoir par année. Ajoutons à cela un choix d’appareils de plomberie à basse consommation d’eau.
Les éléments principaux d’économie d’énergie suivants ont été mis en œuvre pour la conception du bâtiment:
- Efficacité du système de chauffage et climatisation:
- 20 puits géothermiques de 150 mètres, 3 thermopompes d’une capacité de 50 kW chacune
- Capacité en chauffage : 500,000 Btu/h et capacité en climatisation : 500,000 Btu/h
- Géothermie passive (pré-conditionnement de l'air neuf par un conduit canadien)
- Préchauffage de l’air neuf à 7°C
- Longueur : 60m, diamètre : 1.2m, profondeur : 2m
- Optimisation du système de récupération d'énergie sur les systèmes mécaniques
- Récupérationde chaleur de chaleur sur l'air évacué de type latent statique (efficacité 70%)
- Détecteurs de CO2 et boîtes à Débit d’Air variable (DAV)
Le bois torréfié a été utilisé à la fois pour l’enveloppe de la bibliothèque Raymond-Lévesque et pour son mobilier.
Le procédé de thermotransformation (communément appelé torréfaction), permet l’utilisation d’essence de bois comme le peuplier jaune qui autrement ne serait pas approprié pour une utilisation exposée aux intempéries. Cette technologie de préservation du bois peu employée au Québec lors du concours d’architecture ouvre la voie à une plus grande utilisation de cette ressource dans les projets institutionnels. Le bois a été enduit d’une protection UV et a été préassemblé en usine par modules ce qui facilite le montage et l’entretien.
Pour les intérieurs, notre équipe de conception a choisi une autre essence de bois, l’érable massif torréfié, pour la fabrication du mobilier intégré de la bibliothèque afin de permettre une plus grande durabilité des équipements publics contrairement aux techniques de laminage en surface.
Une attention particulière a été portée pour la sélection des autres matériaux de finition intérieures, ayant une faible émission de COV.
Premier concours québécois à être réalisé selon un processus de conception intégrée (PCI), ce processus a permis d'intégrer,dès les premières étapes du concours, les intrants des ingénieurs de façon harmonieuse et architecturale dans la construction (planchers radiants, système d'ouvrants motorisés intégrés au plancher, ventilation des espaces intégrée au bas des rayonnages, etc.).
Le taux de détournement des déchets hors des sites d’enfouissement lors de la construction a été de 90%. Tous les déchets ont été évacués vers des sites où ils étaient triés par catégories. En tout, la Bibliothèque Raymond-Lévesque démontre une réduction des émissions des gaz à effet de serre de 120 tonnes par rapport à un bâtiment similaire conventionnel.